Toujours pas de passeport pour Mohamed Benchicou deux mois et demi après sa sortie de prison (5 septembre 2006)

Ce lundi 4 septembre, jour de rentrée des classes, Fatiha Benchicou est à Paris. Elle vient de regagner la France parce que son fils, le plus jeune de ses trois enfants, y est scolarisé. Son mari, Mohamed, est resté en Algérie.

Libéré le 14 juin, après deux mois de détention, l’ancien directeur du « Matin » espérait récupérer son passeport rapidement. Il n’en est rien. « Son avocat s’est rapproché des trois cours qui ont eu à traiter de son affaire, explique Mme Benchicou. Le tribunal de Première instance, la cour d’Appel et la cour suprême. A chaque fois, la réponse est la même : "Ce n’est pas notre niveau". Si, de notre côté nous introduisons des demandes écrites, aucune réponse officielle ne nous est parvenue. Nous n’avons aucun écrit. Tout est oral. »

L’épouse de M. Benchicou s’interroge. Pour elle, tout est possible. « Peut-être le passeport a-t-il été égaré », tente-t-elle de croire. Mais la rétention volontaire du document semble beaucoup plus crédible.

On sait par ailleurs que si les conditions de détention du journaliste ont été dures, les nouvelles sur son état de santé n’étaient pas justes. La piste de l’arthrose cervicale semble aujourd’hui abandonnée par les médecins, qui craignent plutôt une maladie neurologique. Un traitement lui a été prescrit il y a un mois.

En sortant de prison, notre confrère algérien avait affirmé sa volonté de continuer à se battre pour la liberté de la presse et pour la reparution de son journal. Cet été, il avait également annoncé son intention d’écrire un livre sur l’expérience qu’il vient de vivre.

Aujourd’hui, la presse algérienne n’évoque pratiquement plus les atteintes à la liberté d’expression. Les dispositions prises par le président Bouteflika, début juillet, ne résolvent pourtant pas le problème sur le fond. Ces mesures portent en effet sur une amnistie des journalistes condamnés pour leurs écrits. Mais la loi demeure.

En juin dernier, après un entretien avec Mohamed Benchicou, le Club de la presse du Nord - Pas de Calais avait annoncé qu’il maintiendrait son portrait sur la façade de ses bureaux, 17, rue de Courtrai. Cette affiche, qui vient d’être renouvelée, appelle à un soutien aux journalistes algériens et, plus généralement, aux journalistes maghrébins. Elle risque malheureusement de flotter encore longtemps avant que notre confrère nous rende visite...

Philippe Allienne


 

 

 

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