Anzar TV.com démarre lentement… mais sûrement

Lancée officiellement à Lille le 20 décembre dernier, une nouvelle télévision en ligne émet chaque week-end. Avec un premier journal dès ce samedi 9 janvier. Cible principale : la communauté berbère. Ici… et partout dans le monde.

Photos Gérard Rouy

L’idée est de Madjid Anzar. Arrivé dans la métropole lilloise il y a seize ans, à l’époque où son pays venait de sombrer dans une sanglante décennie de terrorisme islamiste, cet Algérien kabyle n’a jamais caché son attachement à la culture berbère. Très tôt, il intègre Radio Campus (à Villeneuve d’Ascq) où il crée l’émission hebdomadaire « La voix de la Berbérie ». Et comme il développe un talent d’artiste, il enregistre des disques en Tamazigh (la langue berbère).

Seize ans plus tard, « La voix de la Berbérie » existe toujours. Mais le 6 mai 2009, elle donne son nom à une association éponyme. L’objectif : «  réaliser et porter un projet vieux de dix ans, explique son président Madjid Anzar. Créer une télévision  ». Les moyens financiers sont limités à ceux de son initiateur et de ses amis. Juste de quoi s’offrir, grâce aux apports personnels, une liaison et un serveur sur Free et deux caméras. Peu importe. Anzar veut une télé, il la crée.

De gauche à droite : Mohamed Zaoui, Christiane Neelz, Madjid Anzar, Ammour Drifa et Ahmed Hamitouche. Une partie de l’équpe pionnière d’Anzar TV.

Contributions bénévoles

Pour ce faire, il fait appel à ses relations. Il se tourne vers la communauté kabyle, en France et en Algérie. Des producteurs acceptent de l’aider en lui cédant les droits de diffusion de films. Mohamed Zaoui, un journaliste algérien lui aussi exilé en France dans la décennie 90 et devenu aujourd’hui un documentariste réputé, lui apporte sa caution. Le directeur de la radio « Kabyle FM », à Paris, Idir Djouder, fait de même.

Peu à peu, le réseau se construit. Pour une web tv, nul besoin d’un agrément du CSA. Les contraintes administratives sont beaucoup plus souples que pour une télévision classique. Sur le plan financier, Anzar compte sur des subventions publiques (il pense à des aides européennes). Le bénévolat reste la pierre angulaire du projet. Un jeune journaliste professionnel et un réalisateur viennent d’accepter d’apporter leurs compétences à la web tv naissante. Ils rejoignent une équipe constituée d’un responsable des programmes, d’une JRI, de présentateurs et d’une secrétaire. Trois ingénieurs ont aidé à développer le projet.

Quelle est la ligne éditoriale d’Anzar TV.com ? « Nous somme une télévision franco-berbère citoyenne, résume Madjid Anzar. Nous diffuserons de l’information, du divertissement et de la culture. Il y aura des émissions en berbère parlé (essentiellement en kabyle ndlr), mais aussi en français. Nous travaillons actuellement sur une émission qui pourrait s’appeler « Rencontre avec un artiste » où nous mettrons en valeur des chanteurs de langue berbère mais aussi des artistes méconnus, français ou étrangers, qui se produisent dans les couloirs du métro parisien. Une émission littéraire s’intéressera aussi aux auteurs berbères et aux autres cultures.  »

Anzar, ou l’espoir

Pour l’heure, la web tv diffusera en direct le samedi et le dimanche de 19 heures à 23 heures. Une rediffusion est prévue le lundi à 11 heures de manière à pouvoir être vue par la diaspora aux Etats-Unis et au Canada. Mais en semaine, les internautes pourront réécouter le meilleur des émissions radio de « La voix de la Berbérie ». « Depuis le 31 décembre, nous avons réglé le bas débit afin d’être reçus par les pays du Maghreb », dit encore le président.

A 49 ans, Madjid Anzar s’offre sa télé et se donne un an pour faire ses preuves. «  Nous ne pourrons pas toujours compter sur le bénévolat et sur les contributions gratuites des producteurs », avoue-t-il. Un peu mégalo Anzar ? Que nenni, répond-il. «  La télévision s’appelle Anzar et j’assume mon projet. Mais Anzar n’est pas mon véritable nom. C’est le pseudonyme sous lequel je suis connu en France. Dans la mythologie berbère, c’est le dieu du ciel et de la pluie que l’on invoquait en période de sécheresse. Pour moi, cela représente l’espoir.  »

Phillippe Allienne

www.anzartv.com


 

 

 

La Vie du Club

ESPACE PRESSE